Billet d'humeur du 30 mai 2021
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LAPIN À TROIS PATTES
N'étaient les habituelles bisbilles entretenues par Herri Berri (qui entend mener aujourd'hui une "chasse à la fraude immobilière" après avoir recensé jadis dans la presse locale les dépôts d'ordures illicites présents sur le territoire communal) et les coups médiatiques orchestrés par la Mairie en guise de réponse aux nombreuses critiques de sa politique d'urbanisme, on n'entend plus guère parler de la cité des corsaires dans les médias locaux ces temps-ci, sinon pour y lire que la découverte (sic) de logements dans la zone de Jalday n'est qu'un "lapin à trois pattes" (le sujet mériterait plus de sérieux de la part de la Ville). Tout ceci, malgré la campagne électorale en vue des élections de Juin, propice à une mobilisation plus ou moins opportuniste sur les thèmes du logement et de l'enseignement des langues régionales (mis en cause par LAREM et le conseil constitutionnel) voire de l'environnement.
OBLITÉRATION
C'est que l'actualité récente n'est pas glorieuse. Saint-Jean-de-Luz ne figure pas parmi les communes lauréates des pavillons bleus récemment obtenus par quatorze plages de la Côte Basque, et elle n'est pas non plus inscrite sur la liste de celles qui bénéficieront d'une aide appuyée de l'état au titre du programme "petites villes de demain"! On ne peut, du coup, guère escompter que les médias en parlent en bien. Mais TF1 a, en revanche, pointé la très mauvaise qualité écologique de ses eaux marines. Tout en participant au récent silence médiatique sur Saint-Jean-de Luz, dont le nom n'était curieusement pas prononcé une seule fois au cours du reportage diffusé dans le cadre du JT (las, une carte, et un gros plan sur le panneau à l'entrée de la station d'épuration, permettaient au téléspectateur, même incapable de reconnaître la silhouette de l'Artha et du Fort de Socoa, de bien localiser le point noir dévoilé par la télévision). LCI avait déjà montré en diffusant un reportage à charge en juillet 2020 que les efforts de communication menés de longue date et avec un certain brio (par la ville de Saint-Jean-de-Luz) ne suffisaient plus à masquer l'ampleur des pollutions sur la Côte Basque. Il ne reste plus qu'à espérer que les efforts de certains pour faire élire l'église Saint-Jean-Baptiste monument préféré des Français aboutissent ou que le concours du plus beau marché ne soit relancé pour que les médias nationaux soient davantage portés à louer notre cadre de vie !
PAVILLON DE COMPLAISANCE ?
Nous croyons savoir que la municipalité luzienne avait candidaté (pour quelques milliers d'euros) ou a minima qu'elle avait eu l'intention de le faire, en vue d'obtenir le drapeau bleu censé garantir aux usagers l'excellence de ses eaux de baignade. Les confidences de M. le Maire auprès du journal SUD OUEST montrent qu'il s'agissait pour lui de "laver l'affront" prétendument fait à la baie (par les élus PS et centristes, quand ils avaient dénoncé, avec raison, le niveau de pollution élevé et l'absence d'initiatives de la part de la Ville pour solutionner ce problème - voir notre billet daté du 24 avril dans la page VIE MUNICIPALE). Visiblement, la manoeuvre a piteusement échoué, sans que, pour autant, la crédibilité des pavillons octroyés aux autres sites de l'Agglomération paraisse universellement reconnue (nous constatons que certaine association locale la conteste tout au contraire, et très fortement).
GRANDE PETITE VILLE
Quant aux "petites villes de demain", si Hendaye par exemple (plus peuplée que Saint-Jean-de-Luz) va bénéficier de ce label, et des crédits qui en découlent, on ignore pourquoi ce n'est pas le cas de la cité des corsaires. Il n'est pas même certain que, s'agissant de ce programme, elle ait fait acte de candidature (un point que les élus, seuls, peuvent éclaircir). Après tout, l'agglomération de St-Jean/Ciboure dépasse largement les 20 000 âmes, surtout si l'on tient compte de la continuité avec certains quartiers d'Urrugne, sinon d'Ascain... Notre commune peut donc prétendre, grâce au renfort de ses voisines et malgré la stagnation du nombre de ses résidents permanents, au statut de ville moyenne.
BONNES FÉES MAL RÉCOMPENSÉES
Surtout, Saint-Jean-de-Luz ambitionne de maintenir les fonctions centrales qui en font un pôle urbain encore notable (aux plans commercial, économique, mais aussi administratif, médical et scolaire) au sein du versant sud de la nébuleuse littorale. Sur ce point, tout le monde est d'accord et nul ne tient ici à devenir officiellement une "petite ville" parmi d'autres (effet pervers que la polarisation croissante du territoire de l'agglomération basque et la transformation de la commune luzienne en cité-dortoir balnéaire risquent bien de produire à moyen terme).
Sans qu'on ne s'en soit bruyamment félicité, l'État et la CAPB semblent d'être comportés en "bonnes fées" en soutenant les prétentions luziennes. L'on vient d'apprendre, notamment, que des fonds mobilisés au titre du plan de relance post-COVID vont bénéficier au chantier des Récollets, ceci au très grand soulagement des deux communes de l'estuaire de la Nivelle, qui n'arrivaient pas à lancer l'opération, en panne depuis quelques années faute d'avoir ajusté les moyens aux coûts réels de l'entreprise (construction d'un site d'interprétation du patrimoine dans l'ancien couvent, rénové). L'Agglomération va, de son côté, apporter une aide substantielle à la réalisation du Pôle Culturel prévu dans le jardin de la Villa "Harriet Baïta". Elle a également voté les sommes destinées aux grands travaux d'assainissement destinés à améliorer la qualité des réseaux luziens (dans un premier temps, un déversoir d'orage au Lac et des travaux sur la Step). Il conviendrait sans doute d'en faire la publicité, même si par contre-coup il faudrait avouer les retards accumulés en la matière pendant des décennies. Enfin, la commune vient d'entamer les travaux visant à faire un centre de congrès dans la partie de l'immeuble "La Pergola" dont elle a conservé la propriété, imputant le report de son projet dans le temps.. à la crise sanitaire.
Autant de bonnes nouvelles mais qui ont été étrangement annoncées en sourdine. Sans doute parce que tout cet argent public est un peu dépensé à contre-temps (après l'interruption de programmes lancés en fanfare il y a des années, mais mal financés par la commune) et parce que cette manne suscite par ailleurs des aigreurs au sein de la collectivité territoriale (aux rivalités entre communes, il faut ajouter les oppositions à l'aggravation de la fiscalité, dont la @Gauche Luzienne avait noté de longtemps qu'elle était inéluctable compte tenu de la gestion peu rigoureuse de la CAPB au cours de la mandature précédente et de la tendance des communes à laisser en plan certains problèmes pour mieux refiler le bébé à l'Agglomération). C'était bien le cas s'agissant de l'assainissement à Saint-Jean-de-Luz, entre autres "patates chaudes" et cela reste un problème énorme au niveau des communes en amont de nos cours d'eau, où tout reste parfois à faire en ce domaine.
Il est clair qu'au delà des grands discours et des ateliers de "réflexion sur la gouvernance" il semble manquer un pilote pour coordonner les investissements locaux et ne pas déboucher sur des situations ubuesques (la rénovation en cours du Fort de Socoa, coûteuse, est par exemple en bonne voie, alors que la destination d'usage du bâtiment, qui devait abriter un site universitaire et industriel dédié "à la glisse" jusqu'à ce que J-F Irigoyen ne renonce à ce projet initié par son devancier, est encore indéfinie ; on parle d'un musée naval après avoir évoqué un centre d'interprétation de la corniche, lequel aurait fait doublon avec la maison Asporotsttipi). Mais le Maire de Saint-Jean-de-Luz, par ailleurs président du Syndicat de la baie et prompt à parler du sujet pour polémiquer avec ses adversaires durant la campagne électorale des dernières municipales, est aujourd'hui, sur cette question aussi, aux abonnés absents quand il s'agit d'indiquer "sa vision" de l'avenir du site.
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