Billet du 3 Octobre 2020
OCÉAN DE PROTESTATIONS
Le débat sur la vague
artificielle de Jalday s'envenimerait-il au fur et à mesure que la
pétition lancée contre le projet recueille plus de signataires ?
Alors que la piscine et le Surf Park de Boardriders semblaient à
tous une mer calme, sinon asséchée, par les crises financières à
répétition et les difficultés de la conjoncture économique, cette
"mer d'Aral potentielle" devient à présent "un
océan" (de protestations) faute d'un démenti de ses promoteurs
quant à leur intention d'aboutir rapidement et à l'absence de
communication détaillée de la part de la municipalité sur les impacts de
cette réalisation éventuelle.
Ceci malgré son
inscription dans le PLU (Plan Local d'Urbanisme, mis au point par la
ville mais approuvé définitivement et voté par la CAPB - par des
majorités largement confortées dans leur monopole politique par les
dernières élections locales).
Pour nous, toute prise
de position définitive, même si nous sommes de toute façon contre la réalisation d'un tel aménagement aujourd'hui (voir le point suivant) est pourtant conditionnée par la
connaissance du dossier technique du projet et ses impacts
économiques, sociaux et culturels.
Une pétition très médiatisée a été lancée (cliquez sur l'image ci-dessus pour lire un article de Mediabask sur l'implication de Bizi! dans le débat)
PAS DE VAGUE
Rappelons dans un premier temps que, s'agissant d'une extension de l'urbanisation (OAP) telle que celle de Jalday IV, le PS est de toute manière totalement opposé à sa réalisation, au moins tant que la performance du système d'assainissement n'aura pas été significativement corrigée (à cet égard les intentions de l'Agglomération et de la commune ne nous paraissent viser qu'à réduire l'importance des rejets polluants dans la baie mais ne prennent pas du tout en compte la prolifération urbaine que le Maire et son équipe veulent encourager). Le PS a en effet, dès l'hiver dernier, demandé un moratoire sur les OAP (lors du vote du PLU) et a participé avec d'autres à mobiliser l'opinion contre les rejets polluants sur la commune (l'Éxécutif en place préférait pointer uniquement les dysfonctionnements relevés sur les autres territoires et n'a admis que très récemment que son réseau et sa station d'épuration posaient problème ; il préférait ne pas faire de vague sur le sujet pour ne pas pointer sa relative inaction durant les dernières décennies ni froisser l'Agglomération auprès de laquelle notre commune se trouvait en situation de quémander des subsides).
Pour nous, toute artificialisation des sols supplémentaire (en dehors des limites de l'agglomération existante) doit être ajournée tant que l'assainissement local n'aura pas été sérieusement modernisé.
PETITS ET GROS OISEAUX
La confrontation des tribunes rédigées par les deux groupes minoritaires siégeant au Conseil Municipal permet de noter que le sujet est (au moins pour eux) devenu très sensible, encore que la majorité, fidèle à son mutisme traditionnel et aux cachoteries qui l'accompagnent, n'en dise pas un mot dans la dernière édition de la revue locale d'information (Berriak n°97) !
Herri
Berri, qui assume clairement une posture écologiste lui permettant
de défendre les petits oiseaux (ils en ont bien besoin, d'ailleurs,
comme toute la faune et la flore locales encore préservées)
n'y va pas de main morte, parlant d'une "trahison" des
électeurs et électrices, au prétexte que le Surf Park n'était pas
dans le programme des sortants. Le projet, de nature privée,
avait cependant été inscrit avant le récent scrutin
local dans le document d'urbanisme luzien (approuvé par la
majorité de droite seule) sans qu'aucun potentiel "scandale écologique" ne soit malheureusement apparu aux votant(e)s de mars 2020.
Accusé par le groupe
abertzale de soutenir "à demi mots" le projet de vague
artificielle, le groupe centriste rétorque qu'il faut "raison
garder" et attendre de connaître la réalité du projet porté
par Boardriders avant de se positionner. Et Manuel de Lara de
défendre la réputation d'un volatile plutôt imposant (en l'espèce, une "entreprise qui
emploie près de 600 personnes") dont il lui semble que les
réseaux sociaux ne l'ont guère ménagé alors qu'il est possible, après tout, qu'il parvienne à présenter un projet "vertueux".
Il est vrai que vouloir "faire le
buzz" cet été autour d'une autorisation de programme (qui
n'est pas encore un projet ficelé) c'était peut-être courir le
risque de médiatiser à outrance un aménagement encore virtuel
alors que le scandale écologique déjà voté par le conseil
municipal, à savoir le creusement d'un parking public en front
d'eau, sur le port, adossé à un projet de rénovation de l'îlot
Foch qui ne sous satisfait absolument pas, était en passe de se
concrétiser dans une relative indifférence. Nous avions fait part de notre crainte à cet égard, considérant que la priorité écologique, sur Saint-Jean-de-Luz, était peut-être ailleurs qu'au Campus Quiksilver, tout en reconnaissant la légitimité de l'action de tou(te)s ceux et celles qui voulaient "prendre date" et afficher par conviction une opposition de principe radicale.
Pour nous,
l'important est de voir à présent démenties nos
prévisions les plus pessimistes concernant l'aptitude de l'équipe municipale à noyer le débat écologique sous un déluge de propagande autour de la vague artificielle ; c'est aussi espérer noter bientôt
tous les signes d'une indignation et d'une mobilisation de l'opinion
au moins comparables à ceux suscités par le projet de piscine à
vagues, mais cette fois à l'encontre de la prétendue "rénovation" du
coeur-de-ville. Que l'émoi suscité par le projet de Surf Park
contribue au réveil des consciences sur tous les dossiers sensibles
serait finalement une très bonne chose..
POINTS DE CONVERGENCE SUR
UNE MER AGITÉE
Nous approuvons pleinement
la requête des deux groupes minoritaires concernant l'introduction d'un
référendum sur la vague artificielle et relevons avec satisfaction
que le Centre luzien reste fidèle à la démarche de démocratie
participative qui nous avait permis de le rejoindre le temps d'une
campagne (celle des dernières municipales) sur la base d'un
programme concret élaboré et discuté avec les habitant(e)s. Nous
espérons que les groupes Herri Berri et centriste voudront bien
passer au filtre du développement durable les projets à venir,
comme nous le ferons nous même, et agir dans l'intention de préserver l'Avenir, en transcendant les
clivages idéologiques.
Notre ligne sociale-écologique impose la prise en compte de la protection
environnementale (c'est sans nul doute parce que le PS incarne des
politiques et des préoccupations n'ayant pas pour seule finalité la
recherche du profit qu'il est d'ailleurs perçu comme un allié naturel de la
mouvance verte). Mais il s'agit aussi de prendre en compte la
nécessité d'une justice sociale affirmée, pour défendre un projet de société viable,
vivable et équitable.
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EZKER DONIBANDAR est le blog de la @Gauche Luzienne
Webmestre P-L Vanderplancke
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Notre point de vue officiel (communiqué de presse) sur le Surf Park dans la page SECTION PS.