CHRONIQUE D'OCTOBRE
Billet d'humeur du 3 octobre 2021
Détournement ?
Les travaux amorcés depuis peu dans le centre de la cité des corsaires peuvent sembler au pékin moyen, enclin à les considérer avec fatalisme, comme une nuisance très provisoire. Quelle erreur ! Ils marquent en effet le début de l'aménagement de l'îlot Foch et de ses abords : une véritable catastrophe annoncée. Les panneaux portant mention de la "réfection" de tels égouts ou autres conduites sont donc, en fait, bien trompeurs. Car il s'agit de débuter le grand remplacement de tous les réseaux du secteur (certes, pour la plupart, en très mauvais état) et de procéder à leur dévoiement nécessaire en vue de faire place nette aux grands trous dans le sable que M. le Maire et sa majorité veulent absolument creuser entre la gare et la mairie, un secteur stratégique et patrimonial, que - seuls - ils s'obstinent à présenter comme une "entrée de ville" (sic). Réfection pour dévoiement, et entrée pour coeur (d'agglomération) : la stratégie de détournement du langage (et de l'attention) est à chaque fois remarquable de la part de nos élus locaux, toujours enclins à communiquer plutôt qu'à "parler vrai" !
Après ces quelques mois de chantiers nécessaires au déplacement des réseaux, les riverains et autres luzien(ne)s fréquentant le quartier auront encore à endurer pendant un - ou plutôt plusieurs - trimestre(s) les déviations, les bruits et les poussières induits par la démolition de l'existant (y compris celle d'un bâtiment classé, que le conseil municipal a opportunément jugé bon, en 2015, de sortir du périmètre de l'AVAP) puis la noria de camions attendue pour vider les espaces dévolus aux deux grands parkings en zone inondable prévus (l'un, privé, et l'autre, public, mais branchés sur la même rampe d'accès et le même exutoire, ce qui va conduire à rétrécir le rond-point de la gare, pourtant sous dimensionné eu égard aux convois exceptionnels qui l'empruntent régulièrement et au stationnement sauvage qu'on peut y observer trop souvent).
Quarante ans de malheurs
Mais tout ceci n'est rien à côté des nuisances ultérieures et hélas durables, lesquelles dureront des décennies : d'abord, parce que couler une immense dalle de béton en guise de couvercle sur le site, au dessus d'une coque censée étanchéiser le sous-sol, puis édifier à la place de l'ex-garage Lamerain une somptueuse "auberge de jeunesse pour bobos" (c'est la définition rapide et un brin moqueuse que nous retiendrons des hôtels de la chaîne "Mama Shelter", citée en exemple de ce qu'ils veulent faire par les promoteurs - les dits promoteurs restant libres toutefois de transformer ultérieurement en résidence de standing les locaux, si le "concept" ne marchait pas) : cela prendra du temps et causera beaucoup de déplaisir, sans parler du rétrécissement du boulevard Victor-Hugo - accepté du bout des lèvres par l'enquête publique au motif qu'un occupant privé s'est déjà accaparé le tiers de la chaussée (sic) que la municipalité a cru bon de lui concéder !
Encore faut-il compter, de surcroît, avec les décennies de bouchons estivaux supplémentaires à venir, créés par l'afflux des automobiles vers ce lieu tout à fait inapproprié (mais proche des plages et de la rue piétonne : guère plus, toutefois, que le commissariat, dont nous avions dit le dès le début qu'une localisation du parking communal à sa proximité serait plus intelligente - c'est encore plus vrai depuis qu'on veut faire une salle de spectacle sur ce lieu sans y prévoir aucun stationnement !). Aux pertes de recettes municipales pointées par nous comme par certains autres observateurs avisés, il faut encore ajouter le risque indéniablement subi par les usagers, que le recul du trait de côte et les modifications du régime des précipitations exposeront dans leurs personnes et leurs biens, un "détail" qu'on n'a pu dissimuler à l'opinion qu'en escamotant le PPRI et en prétendant à moult reprises que le parking municipal était totalement "hors aléa" - plus le mensonge est gros, et mieux ça passe !
Hémiplégie
Loin de vouloir "appuyer où cela fait mal", comme SUD OUEST l'avait annoncé, à la veille du dernier conseil municipal, à propos des interventions attendues (avec jubilation ?) de la part de Pascal Lafitte et Manuel de Lara, les minorités siégeant au conseil municipal ne nous semblent pas avoir la dent très dure, ni à l'égard du projet de rénovation Foch, ni sur d'autres dossiers sensibles. Les centristes peuvent bien, par exemple, dénoncer dans "Berriak" l'imbrication des intérêts publics et privés dans l'affaire du parking municipal, Manuel de Lara (seul candidat à avoir annoncé lors des dernières élections municipales qu'il mettrait fin au projet de parking Foch sur le port en cas de victoire, principale raison pour laquelle nous l'avions soutenu) n'a pourtant pas voté contre la cession par la ville du parking Jaulerry/Verdun aux promoteurs, qui leur permet de bâtir une résidence privée sur une surface issue à 40% du domaine public (et en très grande partie non construite auparavant !) et il s'est bizarrement opposé tout récemment à l'augmentation de la surtaxe frappant les résidences secondaires et majorant les taxes d'habitation les concernant (passée d'un taux de 40% à 60%) : une mesure paradoxalement portée aujourd'hui par la majorité, alors que le maire actuel J-F Irigoyen, comme son prédécesseur P Duhart, avaient scandalisé leurs concitoyen(ne)s en déclarant que cet impôt était "confiscatoire" dans son principe. Quant à Herri Berri, son ancienne astuce, consistant à déclarer son opposition à "tout parking automobile où qu'il soit" pour ne pas avoir à combattre la localisation loufoque du stationnement municipal au bord de l'eau, sous l'actuelle avenue de Verdun, a vécu. Mais le groupe, qui a toujours affirmé que la rénovation d'ensemble du secteur Foch "lui convenait à peu près" moyennant quelques efforts de plantations très symboliques, ne prétend aujourd'hui prendre position contre le parking public Foch et réclamer un référendum (cinq ans après que les Socialistes l'aient proposé) que pour mieux "en finir" avec cette affaire... qui l'a montré finalement très modéré face aux promoteurs, corporation qu'il ne cesse habituellement de vouer aux gémonies, même à l'occasion d'autres opérations plutôt bien pensées et bien menées par ces derniers et la commune (Trikaldi alias Lilitegia).
Bref, tandis que la coalition des légitimistes-bonapartistes aux affaires et la fraction orléaniste se regardent en chien de faïence tout en se flattant de cajoler l'électorat des nantis, et que les abertzale d'Herri Berri se voient contester le soutien des "vrais luziens " par M. le Maire et ses amis (les seuls, cependant, à user de cette terminologie étrange) le débat public manque d'une parole critique et de gauche, sociale et écologique. C'est en partie le résultat du choix des citoyen(ne)s qui a privé d'élus le camp social-démocrate.
Mais nous espérons pouvoir contribuer à l'émergence, dans un futur proche, d'un mouvement d'union populaire capable de présenter lors des débats locaux un vrai programme de changement aux Luzien(ne)s, comme nous entendons prendre part à la campagne des présidentielles qui s'annonce... pour imposer un autre choix que celui qui nous est offert par avance par les sondeurs, entre candidat pro-business et trublions déclinistes !
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