Alors que le fameux "plan vélo" des Droites locales semble enfin porter quelques fruits - mais après avoir été bien long à se concrétiser - et que la situation des cycles non motorisés s'est, en conséquence et tout récemment, bien améliorée en ville (encore que ce soient surtout les réalisations du Département dans les secteurs ruraux aux alentours qui aient changé la donne - "le bazar" restant la norme autour de la Place Foch, notamment) on doit constater que le développement des bandes cyclables, pour positif qu'il soit a priori, ne sera pas forcément l'instrument le plus efficace pour fluidifier... la circulation des automobiles, à Saint-Jean-de-Luz : tout au contraire !
D'abord, parce que le développement des transports doux a beau être prôné par les décideurs, nombreux sont les Luzien.ne.s et autres habitant.e.s du Pays Basque qui continuent à privilégier l'auto dans leurs mobilités du quotidien (ils n'ont pas toujours le choix). Les bus, pourtant, sont aujourd'hui plus adaptés et les dessertes plus variées : mais, d'une part, on ne décrète pas une "révolution culturelle" en quelques mois ; et, par ailleurs, la périurbanisation typique de notre territoire - comme de la France entière - met à distance des centre-bourgs et des arrêts d'autobus beaucoup de personnes, du coup peu séduites par les transports en commun ; elle oblige la population concernée à des navettes très longues entre domicile et lieux de vie alors que les trains régionaux cadencés ne sont encore qu'une promesse. Le trafic routier, en conséquence, ne diminue pas du tout : il augmente même fortement ! Or, ce fait objectif n'est pas pris en compte, au grand agacement des usagers.
Ensuite, parce que les voies créées pour les vélos obligent le plus souvent à rétrécir les chaussées et à recalibrer les trottoirs. Ce qui pose des problèmes de sécurité car on oblige à "cohabiter" des catégories portées à ne pas accepter facilement cette mixité : vélocipèdes et piétons se déplacent de concert sur les voies vertes et autres routes cyclables facultatives - celles-ci sont indiquées par des panneaux carrés et non pas circulaires [note à l'attention de celles et ceux qui n'ont pas compris le b.a-ba du code de la route] tandis que SUV et véhicules hybrides, devenus obèses, sont gênés par les vélos roulant en leur compagnie [comme ils en ont parfaitement le droit] sur des tronçons centraux plus étroits...
Face à ces réalités, la commune hésite : elle ne parle toujours pas d'aménager rapidement la véloroute 3 - prévue de longue date le long de la plage, cette voie y supprimerait du stationnement (la municipalité avait pourtant annoncé qu'elle serait bientôt mise en place... ceci dès 2018 !) mais, incapable de financer la passerelle "piétons / deux roues" promise jadis, en parallèle du pont Charles-de-Gaulle, vers Ciboure, elle va créer avec la commune voisine une voie pour les cycles qui va probablement réduire à trois voies (au lieu de quatre) les cheminements réservés aux véhicules motorisés. Si cette solution - moins ruineuse, et qui lui avait été suggérée par les citoyen.ne.s habitant le quartier - fera à coup sûr des heureux, derrière les guidons, ce goulet d'étranglement supplémentaire n'améliorera pas l'écoulement du trafic et spécialement le passage autour du rond-point de la gare, réduit en surface suite à l'installation du parking Foch et devenu, comme c'était prévisible, accidentogène. Or, faute d'une rocade - autoroutière ou non - qui serait gratuite, et d'une sortie de l'A63 vers la vallée de la Nivelle permettant d'éviter l'agglomération (des réalisations sans cesse annoncées au son des tambours et trompettes de la CAPB ou de la comune, mais toujours ajournées) la circulation s'intensifie et les bouchons sont de plus en plus fréquents sur et autour du pont Charles-de-Gaulle (et même dessous, si l'on considère les accès vers Urdazuri ou en provenance des avenues Larramendy et Maranon).
Nos élu.es. n'ont pas l'air, dans ce contexte tendu et malgré les revers électoraux qu'ils ont parfois subis ces derniers temps et/ou les bisbilles internes à leur camp, d'éprouver le moindre doute quant à la pertinence de leur politique : leur communication est toujours aussi arrogante.
Localement, M. le Maire se félicite notamment de la poursuite de "son" chantier en coeur-de-ville (malgré la pagaille qui sévit autour des futures "fontaines" entre la place Foch et le "Bizipoz" - toujours une coquille vide pour ce qui concerne les résidents censés y vivre "heureux" ou y séjourner l'été - et en dépit du stationnement sauvage qui prolifère en vue du cul-de-sac au fond de l'avenue Victor-Hugo). Pire, dans l'éditorial inséré dans le dernier magazine BERRIAK, il s'auto-congratule et réaffirme fièrement (sic) avoir imposé de nombreux "invariants" dans le cadre de la pseudo-concertation autour de la rénovation urbaine. J-F Irigoyen va jusqu'à revenir sur le "nécessaire alignement des façades" ayant conduit à bâtir sur une friche en zone inondable : cet argument très contestable justifiait la démolition du pavillon Pavlovsky, envisagée à l'origine du projet, et devait permettre de bâtir sur la place Foch elle-même (un hôtel y était prévu - d'après les révélations tardives d'un élu de l'équipe Duhart, faites au journal "La Tribune"). Rappelons que c'est la divulgation par le groupe PS de cette intention (de bâtir sur la place Foch) qui avait conduit la Mairie à renoncer à une démolition-reconstruction particulièrement scandaleuse (l'investisseur pressenti ayant, finalement, acheté ailleurs). Quant à l'effet négatif de la "rénovation" sur les trafics, il l'avait anticipé et dénoncé publiquement. L'avenir aura montré que les Socialistes ne s'étaient guère trompés.
A une tout autre échelle, la chasse aux voitures polluantes va déboucher en avril 2025 sur la création d'une zone à faible émission, qui doit bannir les véhicules non classés ou Crit'air 5 des communes littorales, dont Saint-Jean-de-Luz, entre Tarnos et la frontière. La communauté Pays Basque, en procédant à cet aménagement, ne fait que se conformer à la Loi. Mais celle-ci a-t-elle été bien pensée et les zones à faibles émissions (ZFE) sont-elles vraiment la panacée ? On peut en douter : parfois moquées et désignées comme étant des "Zones de Forte Exclusion" sociale, elle sont en effet largement décriées, car elles punissent les automobilistes les plus désargentés. Par ailleurs, elles poussent au consumérisme en incitant à acheter de nouveaux véhicules, "qui polluent moins", dit-on... sauf que le bilan écologique de leur construction est désastreux (qu'il s'agisse de motorisation électrique ou hybride) et qu'ils constituent pour l'instant une solution industrielle non durable. Pas étonnant dans ces conditions, que plus de 80% des Français.e.s soient sceptiques, voire oppposé.es à la création de ces zones, lesquelles doivent déboucher à terme sur l'exclusion des véhicules en catégories Crit'air 3 et 4 - ceci malgré les enjeux sanitaires qui justifient l'application de ces mesures.
Les citoyen.ne.s ne peuvent en effet facilement admettre des restrictions à leur liberté de mouvement - même justifiées par des arguments environnementaux et sanitaires - quand, dans le même temps, l'offre en matière de transports publics reste très insuffisante et que les résultats des politiques dites "de transition" sont en apparence contre-productifs (plus de bouchons, plus de trafic, plus d'émissions polluantes). Un effort de pédagogie et de concertation, et des concessions en terme de calendrier, semblent un minimum pour que ces transformations indispensables se passent bien et soient "vivables" du point de vue de populations souvent vieillissantes. Au niveau municipal, ce dialogue ne semble pas si difficile à mettre en place : mais on n'a pas l'impression que les élu.e.s de "Bouchonville-les-marais" en aient très envie.
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