FOCH : REUNION STRATEGIQUE et SURPRISES

[voir ci-dessous la belle insertion réalisée par le promoteur pour "vendre" son projet, reproduite dans le journal du 28 juin - l'élargissement de la rue Marion-Garay doit éviter "l'écrasement" du secteur  des Halles compte-tenu de la hauteur relativement importante des immeubles / dessin ajouté le 30/06]

BILLET DU 27 JUIN

Cette fois, le projet est lancé. Même s'il ne se concrétisera sans doute pas avant 2022 ou, au mieux, vers la fin de 2021, selon M. le Maire... qui a hasardé ce pronostic en réponse à l'une des questions venues de l'assistance. 
Et des dessins et simulations 3D  très instructifs et illustratifs ont été montrées aux personnes présentes . Enfin ! Nous pouvons espérer que la population aura connaissance du projet tel qu'il se dessine et que l'on sortira du flou entretenu depuis des années. 
La communication "plus qualitative que quantitative" annoncée par les institutions en charge de l'AMO semble se révéler de bonne facture. C'est notamment vrai pour les aspects urbanistiques du programme d'aménagement, car on a surtout vu, des immeubles : le plan de masse et les décors en façade, les toits et pignons, bref la coque extérieure ; cela dit, à ce stade, ceci semble tout à fait normal. 
Et les quelques surprises (parfois pressenties : nous avions d'ailleurs signalé ici même, le 4 juin,  "l'existence de communications étonnantes" dont M. le Maire voulait se réserver la primeur) sont plutôt bonnes même si elles ne lèvent pas toutes nos objections, loin de là ! 

DE VARIABLES INVARIANTS

Quoique certains, dans le public, aient fait remarquer (avec raison) que la précédente concertation (dite volontaire) n'en était pas une, en raison des "invariants" posés en amont des discussions, nous mesurons aujourd'hui, dans la mesure où les intentions réelles de la municipalité sont révélées au grand jour, combien son bilan est malgré tout positif : aucun hôtel de charme ne viendra en effet défigurer la place Foch et le pavillon Pavlovsky, parfois jadis présenté par certains élus de la majorité comme une sorte de "verrue" ne sera pas rasé : il trône aujourd'hui, en tant que monument remarquable et pièce centrale du patrimoine Luzien, au coeur du projet d'aménagement...  Cet invariant-là a donc vécu. Tant mieux !
Nous l'avons échappé belle et nous en félicitions d'ailleurs  il y a deux ans déjà dans une Tribune insérée dans la gazette municipale! 

Reste que l'architecte représentant les constructeurs des immeubles sur l'îlot Fraysse-Lamerain-Jaulerry (puisque le Maire a bien voulu confirmer son intention de vendre le parking Verdun pour financer les  futurs embellissements du décor urbain - on se demande à quelle fin il entretenait le mystère dans la presse il y a dix jours encore !) a indiqué que M Duhart avait dès les origines du projet (2011 si l'on comprend bien ?) évoqué la piste d'une extension du bâti sur l'espace Jaulerry et même souhaité le premier que soit donné à l'angle des bâtiments une forme ronde, pour mieux dégager la vue. Ces principes sont tout à fait respectés dans le projet, comme aussi celui de creuser un vaste parking "proche des commerces" (sa capacité dépendra de ses dimensions et celles-ci de la profondeur du socle rocheux, entre -5 et - 7 étages ? on ne le saura pas avant d'avoir effectué des sondages...). Preuve que la concertation présupposait l'adoption de quelques idées directrices peu négociables.

On pourrait donc avoir l'impression de décisions prises de longue date et bien avant la phase de concertation. 
Mais, en réalité, le projet a - apparemment - beaucoup évolué : 
le nombre total de logements produits est assez faible 

(21 environ dont près de 40% seraient des logements sociaux : 
voilà qui est inespéré !) et le tiers de la surface (2000 mètres carré) serait affecté a un complexe hôtelier original et multi-générationnel comprenant à côté d'hébergements plus classiques des dortoirs 
(de type "auberge de jeunesse" ?). 
Tous les côtés du bâtiments seraient traitées en façades et de nombreuses cellules commerciales mises à disposition. 
On n'aurait donc pas affaire à un vaste complexe de résidences de standing vouées à une occupation toute saisonnière. 
Plutôt intéressante, cette (nouvelle ?) orientation, a été complètement dissimulée jusqu'ici 
(là encore, on se demande pourquoi une telle manie du secret). 
La difficulté de cette stratégie viendra de la possible concurrence entre les activités économiques à implanter sur la nouvelle esplanade Foch et celles qui, de longue date, existent sur la place Louis XIV : l'un des deux intervenants (M. le Maire, après une brève introduction, avait passé le relais aux architectes, qui ont bien fait "le job") a aperçu le danger et dit qu'il faudrait rechercher une complémentarité entre les deux espaces. 

Nous constatons pour notre part que le parking, décalé sous l'avenue de Verdun, ne sera pas sous la place Foch ni sous l'actuel rond-point du port : nous le pressentions, 
en raison du risque d'inondation et des prescriptions du PPRI. 
Mais l'architecte urbaniste a souligné que, par ailleurs,  la densité des réseaux et la forte probabilité de délais supplémentaires en cas de trouvaille dans cette zone archéologique suffisaient à dissuader de creuser dans le secteur, pour des raisons de coût.

UNE TENSION

Nous déplorons  toutes les cachotteries qui ont entouré ce projet, très politisé par l'Exécutif,  qui le revendique comme étant "le projet de la Majorité" et manoeuvre ostensiblement pour diviser
en suggérant que "l'opposition socialiste" serait systématique voire singulière (propos de M. le Maire en fin de réunion publique, dans le ton des confidences reprises par Sud Ouest le 14 juin, et alors qu'aucun élu de la Gauche Luzienne ne l'interpellait). 

On a cru comprendre qu'une fois encore, M. le Maire avait distillé quelques informations voire donné la primeur de la révélation du projet à quelques happy few, avant de les présenter ce soir au public. Sans, cette fois, tout dévoiler la veille dans les médias, 
sans doute pour éviter tout commentaire de notre part !

Il est étonnant de constater à quel point le ton peut monter et le maire s'énerver dès lors que ce projet est débattu... 
Ce fût encore le cas ce soir, au moment des questions et remarques formulées par les habitants. Venue en force, l'équipe municipale et ses soutiens n'ont pas hésité (du moins certaines personnes) à huer des intervenants ; ils n'ont donc pas réagi  nous semble-t-il, comme s'ils étaient tout à fait sûrs de la pertinence de leur projet !

DES CRITIQUES

Outre que ces méthodes de communication (rétention d'information et intimidation) nous semblent déplacées, nous contestons :
- La hauteur excessive des bâtiments (R+3 sans combles nous semble un maximum, d'autant que le maître mot du projet c'est l'ouverture du panorama et l'aération de la ville).
- L'annexion de Jaulerry au motif d'un cadastre des années Vingt. En bonne logique, il n'y a là ni destruction-reconstruction ni "dent creuse" ce qui fragilise juridiquement le projet.
- Le principe du parking public en "coeur-de-ville". En effet, des parkings relais aux entrées de ville sont possibles, attendus et même nous dit-on programmés, qui pourraient être connectés au centre par des navettes : mais il nous semble de surcroît évident qu'un stationnement souterrain ou en silo de très grande ampleur  serait possible par exemple rue Maranon (d'où des transports en commun en site propre pourraient accompagner les automobilistes les moins "en jambes"). Au lieu de cela, le parking Foch sera un parking de "touristes" cherchant à approcher la plage au plus près au moins autant que de chalands potentiels : et ses accès "mangeront" une bonne partie de l'espace public que le projet ambitionne de reconquérir en le libérant des automobiles.
- Le plan de circulation, qui reste le point faible du projet. En raison des rampes à construire pour aller et sortir du parking, il faudra que le département accepte de réduire les dimensions du rond-point de la gare. Aussi petit que ceux existant plus haut : au bout du parking des Pyrénées et au croisement de Chantaco, il connaîtra probablement les mêmes soucis d'écoulement du trafic ! 
- Sans doute pour les mêmes raisons, les espaces verts ne seront pas plus vastes après qu'avant, et le maintien du monument aux morts au même endroit mais dans un jardin (un jardinet ?) le verra cerné par les nouvelles voiries.

Laissons de côté la question du stationnement des autocars, de la circulation des livraisons (de fioul vers le port, notamment) et l'ambiguïté du projet de buvette éphémère pérenne; ainsi que nos doutes sur la viabilité du projet d'hébergement ("rempli" espère-t-on grâce à l'attractivité du "Nouveau Renaud" - mais nous ne sommes pas à Barcelone ou Amsterdam, et, l'hiver, les jeunes sont ailleurs, y compris beaucoup  de locaux que  les études et la nécessité de trouver un emploi éloignent, et qui vont du reste vivre dans d'autres communes quand ils ont l'opportunité de pouvoir revenir au pays compte tenu des prix de l'immobilier luzien)... de toutes ces questions il y aura moyen (espérons-le) de discuter tranquillement dans le cadre de la concertation réglementaire à venir. 

LA PRESSE

Un media d'outre-Pyrénées nous a demandé brièvement notre position en fin de réunion. Nous lui avons dit ce que nous pensions du manque de transparence dans la gestion de ce dossier et avons résumé les critiques énumérées plus haut.

Visiblement, la journaliste avait senti "la politisation" du débat et, apprenant que nous étions les fameux socialistes désignés par M. le Maire, s'est enquis des ambitions futures de l'opposition. Il nous semble que d'autres forces politiques locales, fortes de résultats électoraux importants, devraient avoir à coeur d'incarner des solutions alternatives.