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dimanche 10 mars 2019

Grands projets, petit budget : notre contribution au débat d'orientations



Comme chaque année à pareille époque, le rapport d'orientations budgétaires annonçant les grandes intentions de l'Exécutif a fait l'objet d'un débat en conseil municipal. L'exercice est convenu, relativement long, et sa présentation très encadrée par les textes conduit forcément à des répétitions d'une année sur l'autre. On a su gré à J-F Irigoyen (et nous le lui avons dit) d'avoir livré un compte-rendu synthétique mais clair de ses orientations, toutefois précédé d'un épais dossier relatif au contexte budgétaire national et  au bilan de l'exercice financier 2018 (on y lit notamment que la dette a baissé de 16,3% depuis 2013 : époque où son niveau avait atteint à nouveau un seuil critique) ainsi qu'à la baisse des recettes (imputée aux transferts de compétences au profit de l'Agglo) et aux efforts conduits pour contenir avec plus ou moins de succès l'augmentation des dépenses de fonctionnement.

Nous avons tenu, parlant après l'exposé de M. le Maire et les interventions des membres de l'autre groupe d'opposition, à préciser dans un premier temps que nous tâcherions pour notre part de livrer un commentaire équilibré (mêlant "ombres et lumières", suivant une formulation qui avait été la nôtre en commentaire du compte rendu du rapport de la cour des comptes par le Maire précédent) et focalisé sur les grands projets annoncés, comprenant, dans un premier temps, des appréciations plutôt positives, mais ensuite une lecture plus critique des orientations politiques de la mandature.



Approuvant la réalisation du Pôle Petite Enfance comme aussi le développement des équipements sportifs municipaux, mais plus réservés sur les processus de planification, nous avons choisi délibérément de ne pas détailler nos commentaires sur ces questions ce soir (points A, D et E de la dernière partie du rapport d'orientations)  mais avons précisé que, pour autant, il ne s'agissait pas-là, dans notre esprit, de questions secondaires. En procédant de cette manière, notre objectif était  de ne pas alourdir démesurément le débat (le conseil aura duré plus de trois heures !) ; et nous avons d'ailleurs annoncé que notre propos serait abrégé pour ne pas répéter certains des arguments de nos collègues d'Herri Berri. Mais il s'agissait aussi de nous projeter vers l'avenir, laissant au peuple souverain "le droit d'inventaire" qu'il exercera bientôt dans le cadre électoral sans toutefois nous dérober à la nécessité d'un premier bilan de la mandature, inachevée mais proche de son terme. De ce point de vue nous avons dit notre satisfaction de voir l'équipe aux manettes mettre ses pas dans ceux de Peyuco Duhart, dont le virage, en matière de logement social, à été significatif, citant des expérimentations telle que le foncier solidaire ou des programmes comme Lilitegia et sans vouloir épiloguer sur les manquements ponctuels rappelés par nos collègues d'Herri Berri dont nous partageons bien entendu par ailleurs le désir de faire toujours mieux en ce domaine. 

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LUMIERE
Un domaine essentiel de l'action municipale nous semble mériter d'être distingué. C'est celui de l'action culturelle, à propos  de laquelle il est souvent arrivé que nous usions de litotes, telles que "ce n'est pas le versant de la politique municipale qui suscite le plus de critiques de notre part" mais dont nous voulons dire plus ouvertement que nous la soutenons et la trouvons appropriée dans la durée aux ambitions d'une ville qui peut prétendre à une certaine centralité dans le versant sud de la conurbation littorale basque, ne veut pas être demain une banlieue ni devenir une simple station balnéaire. S'agissant en particulier du projet de pôle culturel (Harriet Baïta) nous réitérons notre soutien de principe total à cet équipement destiné à l'accueil des spectacles vivants et à l'hébergement des associations culturelles luziennes sur un même site. Si la multiplication de projets concurrents est un fait sur le territoire environnant, ce que  nous n'évoquerons pas davantage puisque M. Etcheverry-Aïnchart vient de le faire,  la responsabilité ne sous semble pas en incomber à la ville de Saint-Jean-de-Luz qui nous paraît conduire légitimement et dans la concertation des habitant(e)s cette opération ambitieuse.
Il était d'autant plus important pour nous de renouveler ce soir notre soutien au projet que nous avions du voter en opposition au lancement précipité de cette opération et souhaitons expliciter à nouveau notre façon d'appréhender la question des "grands projets structurants" en général. Ayant reçu mandat des citoyen(ne)s opposé(e)s à la majorité municipale, il adviendra toujours que nous refusions de voter en faveur d'un projet, même s'il nous semble séduisant et pertinent,  et combien même nous serions portés à "faire confiance" aux responsables à titre personnel, quand, sur le plan budgétaire, toutes les garanties de faisabilité ne seront pas apportées dans la transparence. En l'occurrence, nous voyons que 9,5 Millions€ figurent ce soir dans les Autorisations de Paiement pour 2019, une somme sans doute plus proche du besoin réel de financement que d'autres ayant été avancées précédemment [on nous a parlé initialement d'un investissement de  8M€, HT ou TTC, suivant la page du document, lors du lancement en septembre 2017 puis de seulement  5 à 6 Millions à la charge de la Commune compte tenu des aides extérieures attendues  au printemps 2018 ].
A cette réserve près (mais elle est importante) que nous désirons être à chaque fois convaincu à bon droit de la faisabilité financière des projets pour être en situation de les voter (car nos marges budgétaires sont réduites)  nos commentaires sur les autres volets de la politique culturelle de Saint-Jean-de-Luz sont globalement appréciateurs. Vous répondez notamment aujourd'hui à une question que nous vous avions posée quand la création d'un centre de congrès sur le site de l'actuel auditorium Ravel avait été annoncée en proposant l'achat d'un chapiteau qui permettra l'expression des artistes en attendant la réception de la nouvelle salle de spectacle. Comme notre collègue Pascal Lafitte, nous nous sommes demandés si cet achat n'aurait pu être mutualisé, mais vous venez de lui répondre et je ne reviens pas sur cet aspect du débat.
Le groupe de gauche n'a par ailleurs aucune objection en ce qui concerne les investissements projetés pour valoriser et conserver les vêtements sacerdotaux, l'Eglise et son orgue, éléments centraux de notre patrimoine : il a soutenu et approuve toujours la réalisation du centre de séminaires à La Pergola, qui contribuera au développement des fonctions urbaines supérieures de notre agglomération tout en confortant sa prospérité économique : nous croyons même que partie des congrès pourraient avoir un objet culturel.
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"En somme, tout va bien !" s'est réjoui M le Maire à ce stade de notre intervention. Nous l'avons alors prié de garder à l'esprit les propos positifs que nous venions de tenir, lui faisant remarquer qu'il prêtait d'ordinaire une attention beaucoup plus grande à nos critiques qu'au quitus exprimé par l'opposition sur les (nombreux) sujets qui nous rassemblent. Car le moment était venu de rappeler notre hostilité à certains investissements que la Commune prétend toujours engager, à notre plus grand regret. Avertissement donné en pure perte : il devait quelques minutes plus tard se "fâcher tout rouge" malgré la modération de notre commentaire. 


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OMBRE
La municipalité a programmé une dépense de 150 000€ pour des études concernant le projet d'aménagement "de demain", celui de l'îlot Foch. Nous ne nous satisfaisons pas du report dans le temps de ce projet, qu'il faudrait revoir de fond en comble selon nous et que vous entendez poursuivre au contraire,  et devons critiquer certaines assertions du Rapport d'Orientations Budgétaires (ROB page 25). Oui ! Vous avez raison d'insister sur "l'objectif d'intégration paysagère du site" quand vous évoquez la démarche de requalification poursuivie - mais nous avons bien des doutes sur la réalisation de cet objectif, pour des raisons sur lesquelles nous ne reviendrons pas dans cet exposé, car vous les connaissez déjà. [la taille, la configuration et plus encore l'implantation du bâtiment, mordant sur l'actuel boulevard et débordant sur l'espace Jaulerry, sans  parler de son style, sont âprement discutés] Non ! la concertation publique n'a nullement "permis d'associer la population" et de "tenir compte" de ses remarques. En tout cas il y a-là des lacunes dont je rappelle que nous ne cessons de les dénoncer : notamment, la restitution des ateliers, promises en 2016 comme en  2018, n'a jamais été faite, dans aucune des deux phases, et le nombre des participants (quelques centaines) semble dérisoire vu l'enjeu quand on voit que ce sont des milliers de Luziens (ou de visiteurs) qui se seraient prononcés pour choisir la couleur qui convenait le mieux pour le toit du kiosque de la place Louis XIV. Votre démarche aura, selon nous, manqué de transparence.
Mais pour en rester ce soir à l'aspect budgétaire de cette opération, nous ferons une remarque sur le parking souterrain puisque la Ville lancera cette année une mission d'AMO pour cette infrastructure, en plus d'une autre pour l'aménagement urbain. La réalisation d'un parking souterrain sur le port nous semble en effet servir des intérêts particuliers  plutôt que l'interêt général de l'ensemble de la population luzienne.  Elle satisfait, à court terme, le désir des commerçants et restaurateurs du centre-ville d'une meilleure desserte de leurs boutiques et établissements et semble faciliter l'accès des touristes à la plage, ce sont bien les buts que vous avez assignés au creusement de ce parc de stationnement enterré, mais au bout du compte, nous pensons que cela ne sert pas les intérêts de réels de la commune et de l'ensemble de ses habitant(e)s. Outre que l'équipement n'est pas conforme aux principes du  développement durable (vous savez que nous préférerions que vous réalisiez ces fameux parkings de dissuasion d'entrée de ville, sans cesse évoqués, mais pour lesquels aucun investissement n'est prévu, et que les automobiles soient parquées légèrement en périphérie du centre-ville et en aérien) il représente un manque à gagner potentiel pour la commune, car il est beaucoup plus cher que d'autres solutions possibles...
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L'interruption de l'orateur par M. le Maire, que la mention de l'intérêt général avait, sur le moment, beaucoup énervé, l'empêcha de développer son argumentation complètement. Ce que nous voulions dire, c'est que la commune serait privée des redevances dues par le gestionnaire du parking pendant une période beaucoup plus longue, dès lors que ce stationnement serait fait en souterrain, ce qui est compliqué et extrêmement coûteux et implique un temps d'amortissement sans doute triple par rapport à un silo "en surface" (à lire dans  notre page "Urbanisme").
Notre premier magistrat, qui était probablement arrivé de mauvaise humeur au Conseil Municipal, se ressaisit après le DOB et conduisit dès lors la séance avec plus de flegme, et même, parfois un certain enjouement. Sans parler des quelques banderilles qu'il tenta de planter sur le garrot de ses opposants.

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