BILLET DU 5 JUILLET 2017
et sortir du feuilleton, en ce qui concerne l'aménagement du centre-ville, à propos duquel on attend (depuis février 2016) d'obtenir des éclaircissements et d'être rassurés sur les intentions réelles de la Municipalité.
Nous nous demandons quant à nous, depuis le départ, comment M. le Maire peut espérer construire dans le coeur historique, en front d'eau et "en zone rouge" et creuser des parkings souterrains, ceci sans dénaturer l'aspect de la Ville, ni faire prendre aux futurs usagers et habitants des risques considérables.
Nous doutons même aujourd'hui que son projet soit conforme aux contraintes réglementaires, en l'espèce au plan de prévention des risques "en cours de fabrication". Au lieu de se contenter de rénover une friche (l'ancien garage automobile et le bâtiment attenant) M. le Maire s'est lancé dans un chantier titanesque, prévoyant de faire pousser des murs pour mieux aligner les façades, et s'est mis en tête d'empêcher circulation et stationnement dans le centre historique pour jeter les automobiles dans des trous.
Mais s'agit-il d'un projet réaliste ?
Un état des lieux s'impose pour le grand public...
LE RAPPEL DES "INVARIANTS" DE M. LE MAIRE DURANT
LA PHASE DE CONCERTATION DE JUIN A NOVEMBRE 2016
La liste en est publiée sur
http://saintjeandeluz.carticipe.fr/. On constatera que la municipalité a
organisé sa communication autour de cinq axes déclinés comme autant d'objectifs
: "la disparition du stationnement de surface, compensée par la création
d’un parking souterrain ; Un alignement des façades avec les bâtiments
existants pour le futur projet"dont on nous précisait qu'il serait
"défini par les architectes en lieu et place du bâti vétuste ; Le
respect des règles déjà existantes au PLU pour la hauteur de construction ; Pas
d’autre (sic) construction de logements sur la place Foch ; Le
maintien du bâtiment de la « Grillerie » et de l’accès à la zone portuaire
; L’ambition de créer un espace public de qualité, ouvert aux Luziens,
avec une nouvelle distribution des flux de circulation".
Il s'agissait de principes d'aménagement généraux...et
assez consensuels,
mais dont on verra que certains n'ont pas été respectés par
la suite,
quand d'autres ne sont tout simplement pas crédibles.
LA DEFINITION (TRES VARIABLE) DES DITS INVARIANTS
Censés cadrer le débat, ils l'ont pollué dans la mesure où
on les a présentés dès le départ de la concertation
comme des décisions déjà prises. Si, pour les uns, "ces
invariants sont un cadre de réflexion : il ne s’agit pas de valider un projet
défini, mais de construire ensemble un projet d’aménagement au service de
l’intérêt général" ... d'autres les voient dès le départ
comme "des points obligatoires et non discutables"
(d'après l'article de Mediabask cité plus loin).
Le quiproquo est donc complet !
LES CRITIQUES DE LA METHODE...
Elles n'ont pas manqué, et nous ont permis de juger
rapidement que le projet était "mal parti" :
citons, par exemple, celles qu'aurait formulées un
membre de l'équipe ayant réalisé
la plateforme de concertation en ligne.
"Donner les invariants en amont aurait permis de
relancer la discussion et certainement d'amener de nouvelles propositions"
remarque un membre du cabinet "Repérage Urbain", qui développe
l'outil de consultation "Carticipe" et est cité par Mediabask n°97,
12 janvier 2017, en contre-point de la première réunion de concertation
organisée par la Ville (ce fût aussi la dernière). La même source qualifie par
ailleurs "d'agence de communication" la société de conseil Neorama,
chargée de "l'accompagnement" du projet (40 800 € TTC).
LA LISTE DE TOUTES LES CONTRAINTES
QUE LE PROJET DE M. LE MAIRE NEGLIGE DE PRENDRE EN COMPTE
... est tout simplement renversante !
Dans le projet de Plan de prévention des risques de
Saint-Jean-de-Luz,
disponible en ligne sur :
il est précisé, à propos des secteurs urbains inondés (zone
Rcu) qu'il "convient d'y permettre une évolution minimale du
bâti" mais encore que toute urbanisation devrait être "sévèrement
encadrée et contrôlée" .
Aucun projet pharaonique n'est pensable, ni la moindre
entorse à la législation, dans ces lieux exposés !
Dans la zone du Port et de l'îlot Foch, cela signifie
concrètement que :
Les seules constructions nouvelles doivent être situées
"en dents creuses" à moins qu'il ne s'agisse d'une opération de
démolition-reconstruction" et les rez-de-chaussée ne peuvent être
d'autre part à usage d'habitation.
Les ERP (établissements recevant du public) ne sont
possibles que s'ils sont petits (moins de 301 personnes accueillies) et si un
refuge "correctement dimensionné et suffisamment haut" est prévu ;
c'est également vrai pour tous les lieux abritant des activités économiques....
La construction de parkings souterrains n'est possible que
si aucune alternative en zone non inondable n'existe et seulement pour une
durée de stationnement temporaire (limitée à 24 heures au plus).
Tout cela paraît peu compatible avec les intentions de M. le
Maire, qui dit vouloir "son" parking et une (?) grande résidence
débordant sur l'esplanade du Port (dont les habitants se gareraient dans le dit
parking, de même que les touristes en goguette).
CONSTAT ET REMARQUES :
1. on ne construirait pas seulement "en lieu et place
du bâti vétuste" (invariant n°2) mais, contrairement à ce principe,
sur une zone beaucoup plus large, si l'on suivait les désirs de M. le Maire. Il
a en effet déclaré que la Ville allait vendre l'espace "Jaulerry"
dans ce but lors
d'un récent conseil municipal : non seulement cette ambition, que nous
avions du reste suspectée d'emblée, pour notre part, contredit les propres
déclarations d'intention de M. le Maire, mais encore ce projet nous paraît
contrevenir aux règles applicables aux zones Rcu.
2. aucun plan n'a encore été diffusé (du moins à l'attention
des citoyens) en dehors du dessin reproduit ci-dessous et la
population n'a donc jamais été consultée sur les réalisations concrètes à
venir. L'existence d'un consensus portant sur le parking (à forer) et le lieu
convivial (à pérenniser) n'est donc pas avérée.
3. le parking souterrain devrait déborder très largement de
l'îlot Gélos-Lamerain , si l'on se fie aux pointillés sur le graphe ; ses accès
se feraient vers la gare, comme indiqué assez fréquemment par M. Duhart -
une solution présentée par lui comme "le" remède prévenant tout
risque lié à l'inondation ; mais l'emprise des constructions en surface reste
inconnue : logiquement, elles ne pourraient déborder au Sud au delà du parking
Jaulerry (cela pour respecter le PLU) ni même de l'ancien garage Renault
(suivant la logique de "reconstruction" décrite par le PPRI).
4 . on ne voit donc pas comment le projet "Foch"
serait conciliable avec le Plan de Prévention des Risques d'Inondation, si ce
dernier s'inspirait, dans sa version définitive, du projet actuellement à
l'étude. En effet, les bâtiments à construire sortent largement du cadre
d'une démolition-reconstruction (laquelle devrait se limiter à la zone
Gélos-Lamerain sans empiéter sur Jaulerry-Verdun, contrairement aux annonces de
M. Duhart) et leur ampleur excède de très loin ce que l'on entend désigner d'ordinaire
par l'expression "dent creuse" ! Ce sont pourtant les seuls cas de
figure dans lesquels des édifications sont permises. Quant au stationnement
souterrain, des alternatives existent à proximité (gare, secteur
Ravel-Maranon... voire Commissariat) ce qui fragilise dans son principe même
une réalisation prévoyant par ailleurs des parkings permanents, lesquels
seront a priori prohibés à cet endroit-là !
5. on attend à présent la définition précise du cahier des
charges du projet porté par la Ville , censément mis à l'ordre du jour d'une
future commission d'urbanisme, et sans doute dans un délai raccourci
? (puisque une source municipale a confié à Sud-Ouest en janvier que
désormais tout "devrait aller vite").
PRECISIONS
La prochaine commission d'urbanisme est prévue... le 17
juillet 2017.
Il faut espérer que, si un projet est présenté, il ne
concernera que la seule emprise Gélos-Lamerain. Tout un chacun peut vérifier
que, dans le cas contraire, la Ville s'exposerait à présenter un projet
d'aménagement incompatible avec les règlements que l'Etat entend appliquer à ce
secteur. Et créerait un contentieux (qui
s'ajouterait à d'autres).
L'îlot Foch proprement dit, est en effet bel et bien classé
dans le projet de PPRI en zone rouge Rcu (ce qui veut dire : pas de
constructions nouvelles autorisées... sauf aux conditions draconiennes
exposées ci-dessus). On peut le vérifier en regardant le
projet de carte préparée par les services du préfet . Ses abords
immédiats seraient "verts" (zones déjà urbanisées et plus
faiblement exposées aux inondations) ce qui ne signifie nullement l'
absence de contraintes, loin de là : la réglementation prévoit dans ces zones
vertes, par exemple, qu'on n' implantera pas d' ERP de grande taille, et, pour
les petits établissements tolérés (moins de 301 places) ni écoles ni
aucun lieu accueillant des publics sensibles tels que des personnes
âgées... De toute façon, les services de l'Etat précisent que, pour
ce qui concerne le secteur Foch, les zones vertes seront considérées en
fait comme des zones Rcu, et subiront les mêmes obligations (page 46 du projet
de règlement) !
C'est bien, en définitive, "une
erreur historique" de vouloir un (ou plusieurs) gros
bâtiment(s) coiffant un immense parking et une dalle partagée sur le port. Non
seulement la réalisation de cet aménagement précipiterait définitivement
Saint-Jean-de-Luz vers un destin de station balnéaire désertifiée hors saison,
dont le
centre ne serait alors plus qu' "un plateau piétonnier "
! pour déambulations touristiques estivales, mais un tel projet n'est pas
raisonnable, sur le plan de Développement Durable comme de la sécurité.
Puisque personne ne semble le remarquer, il nous revient de
dire que le projet de la ville pour l'îlot Foch tel qu'il s'esquisse au
travers des déclarations de M. le Maire est totalement incompatible avec la
prise en compte des risques naturels (sauf à supposer, naturellement, que
les services de la Préfecture des Pyrénées Atlantiques mettent en ligne des
documents fantaisistes sur l'évaluation de ceux-ci et sur les préconisations
qu'elle sera probablement amenées à édicter).
Il va donc très vraisemblablement... voire
heureusement, faire"Pschitt ! "
Il est à craindre que beaucoup d'énergie et d'argent aient
été dépensés pour développer ou discuter un projet devenu complètement
irréaliste, d'ailleurs très éloigné des premières ambitions de la Ville. En
février 2016, en effet, M. Duhart n'avait évoqué "que" la rénovation
de la friche correspondant à l'ancien garage et à la maison attenante, et la
nécessité de prévoir une centaine de places de parking en souterrain pour les
résidents - déjà, il parlait d'en ajouter 400 pour les visiteurs et
nous-mêmes préférions la solution du silo aérien pour les habitants... mais on
ne prévoyait pas explicitement, à l'époque, de construire sur le parking
Verdun, voire au delà, même si l'invocation du nécessaire alignement des
façades nous mettait la puce à l'oreille !
Reste que M. le Maire ne pourra même pas, en cas de
renoncement à son grand chamboulement, avancer l'excuse, qui valait pour la
Médiathèque, que son projet de grande dalle et de résidence immense, une fois
réalisé, aurait été beau !
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