L'on comprend mieux l'interprétation que fait la municipalité luzienne de la "démocratie participative" en observant sa communication récente, sur les réseaux ou par voie d'affichage.
Il est amusant, notamment, de la voir placarder rue Anderemarienea une missive informant les habitants que les travaux en cours (regoudronnage de la chaussée et réfection de trottoirs jusque là tout à fait "pourris") et présentant les dites réparations comme la réponse des édiles à une demande formulée par une réunion de quartier... datant de décembre dernier. A notre avis, le temps de latence avoué suivant ce beau scénario (plus d'un trimestre malgré tout) est très sous estimé, car les riverains se plaignaient en réalité de très longue date de l'état d'abandon où sont laissées les voiries du quartier. De là à penser que les consultations entre élus et citoyens, sont avant tout, un moyen pour M le Maire et les services de prétendre qu'ils "découvrent" tout juste des problèmes (et qu'ils les solutionnent immédiatement) il n'y a qu'un pas à franchir... ce que les esprits le plus critiques, comme les plus moqueurs, feront sans doute. Bien souvent, en effet : on connaît les problèmes depuis des lustres, mais la ville reste passive et compte sur l'intervention d'autres collectivités (le département pour le franchissement cyclable du pont Charles-de-Gaulle, l'agglomération pour l'assainissement, etc..) en transmettant ostensiblement (et "sous vos applaudissements") les doléances à l'entité qui a "la compétence".
Les écrans de nos smartphones sont en même temps envahis de communiqués triomphalistes annonçant la libération des terrasses ou des accès aux commerces et restaurants, au fur et à mesure que les chantiers (en centre-ville ou à Andenia, entre autres) s'achèvent. N'eut-il pas été plus indiqué de communiquer en amont, pour prévenir les nuisances et permettre aux professionnels comme à la clientèle de s'y préparer, voire pour solliciter leur expertise d'usager afin d'amender certains projets d'aménagement, dont l'utilité fait aujourd'hui encore débat ? Ce type de communiqué s'apparente tout bonnement à de la propagande électorale, et marque la recrudescence des opérations de réhabilitation esthétique, à un an des futures échéances.
Chacun se souvient par ailleurs de la principale concertation jamais mise en oeuvre par la commune : c'était à propos de la couleur de la bâche (sic) couvrant le kiosque face à la mairie (dont le rouge ne serait d'ailleurs pas tout à fait conforme au choix des consultés - damnation !). Certains de nos anciens regrettent beaucoup qu'on ne leur ait pas plutôt demandé leur avis sur le bitume local : autrefois teinté d'un rose bonbon très poétique, la digue du front de mer (dite bizarrrement "jetée" par les habitués) devient de plus en plus grise au fur et à mesure qu'un enrobé façon béton désactivé recouvre des portions de plus en plus grandes de la promenade, comme du reste de l'ensemble du coeur-de-ville. Nous remarquons que personne n'a consulté les Luziens, ni sur leur goût quant à la couleur de ces pavements, ni sur l'odeur (franchement répulsive) du matériau usité.
Au moins les paquets de cailloux et galets déposés un peu partout à des fins ornementales (douteuses, convenons-en) ont-ils finis par être fixés dans le ciment, après des années de laisser-aller, au prétexte qu'aucun incident n'avait été déploré. Il faut croire qu'il y a eu des problèmes.
Concluons : un peu d'anticipation ne serait pas inutile en ces matières, vu les conséquences possibles (accidentologie) ; mais on voudrait aussi un peu plus de cohérence de l'information. Ce sont les travaux réellement effectués qu'il convient sans doute d'annoncer (et pas seulement leur fin) au lieu de proclamer sans cesse l'ouverture prochaine de chantiers chimériques, présentés à tort comme imminents depuis des années et toujours reportés (le demi-échangeur de Chantaco, le déversoir d'orage du quartier du Lac, la voie cyclable du boulevard Thiers, etc.). Mais le dialogue entre élus et population consiste trop fréquemment à procurer aux magistrats Luziens une occasion de différer la résolution des problèmes, voire de masquer l'existence de certains projets (le déplacement prévu de la station d'épuration vers Chantaco devient notamment un secret bien gardé... à l'occasion et pendant le temps de chaque campagne électorale).
C'est donc à une démocratie dilatoire, voire distractive, que nous avons à faire - une pratique qui ralentit et est censée "apaiser" la communication (comme les engins de travaux publics et les camionnettes de livraison apaisent la circulation en centre-ville en bloquant sans cesse la rue Marion-Garay et la piste pour les deux-roues !). La grande originalité de la méthode vaut bien un néologisme, et l'expression de nos sincères félicitations !