Billet du 21 juin 2022
"L'HISTOIRE NE REPASSE PAS LES PLATS"
dit-on volontiers, ou bien, quand elle le fait, c'est (d'après Marx) "la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce".
Le second mandat d'Emmanuel Macron est-il donc promis à devenir le pendant du règne de Napoléon-le-Petit après que son premier quinquennat eût été vécu comme le "vol de l'Aigle" ? En l'occurrence, nous pensons plutôt que comparaison n'est pas raison, puisque le bilan du Président n'a pas de quoi ébouriffer l'opinion (qui, du reste, ne lui a pas accordé aveuglément sa confiance) et qu'il est un peu tôt pour prévoir la suite.
Tous les commentateurs (politiciens et journalistes) avancent que la situation est inédite, et affirment que les présidents (sauf cohabitation) auraient toujours disposé, avant 2022, d'une majorité absolue à l'assemblée. C'est tout simplement inexact, même en s'en tenant au passé récent et à la Cinquième République : on se souvient notamment comment Michel Rocard avait gouverné en s'appuyant tantôt sur les Communistes, tantôt sur le Centre, mais en recourant aussi parfois au fameux article 49-3 pour, au total, gérer très correctement les affaires du pays et mettre fin aux violences en Nouvelle-Calédonie. Un gouvernement ne disposant que d'une majorité relative n'est donc voué ni à l'impuissance ni à l'échec. Pas même en France, où la verticalité du pouvoir est une manie, encore renforcée sous le règne "jupiterien" du chef de l'état actuellement en place.
Le fait nouveau est ailleurs : précisément, dans la montée du front "Le Péniste", en passe d'avaler la Droite, réduite à portion congrue, quand l'Union des Gauches - qui se pose en principale force d'opposition - doit encore faire la preuve de sa capacité à défendre dans la durée des positions communes et peut se féliciter d'avoir "sauvé les meubles" après une campagne des présidentielles plutôt calamiteuse, dominée par les diatribes "zemmouriennes". Quant à l'ingouvernabilité éventuelle du pays, la question se serait posée, quand bien même une majorité absolue aurait été obtenue par Ensemble! On ne voit pas en effet que cette coalition aurait été plus capable de rassembler les Français(e)s dans la soumission au chef que ne l'a été la défunte LREM, notamment chahutée par les gilets jaunes. Dans une nation relativement fracturée (entre générations mais aussi territorialement, car c'est à l'Est d'une ligne Le Havre-Perpignan plus exposée aux difficultés économiques et sociales que le RN réalise ses meilleurs scores) un effort de consensus, en tout cas d'écoute mutuelle, sera nécessaire.
Localement, les résultats sont globalement satisfaisants, marqués notamment par l'élection d'Inaki Echaniz ; bien des ténors de la droite traditionnelle ont par ailleurs tremblé, y compris sur le BAB, où Bayonne a, par exemple, voté pour la NUPES, au contraire de certaines de ses banlieues pourtant gouvernées, parfois, par des maires se réclamant de la gauche.
On relèvera que, dans l'ensemble du Pays Basque, les Abertzale d'EH-BAI ont fait le choix de ne pas soutenir la Gauche au second tour, notamment dans la sixième circonscription (celle de Saint-Jean-de-Luz) où Tom Robin-Dubois n'a cependant pas à rougir de ses 40%
On peut regretter le sectarisme de ce mouvement, car le manque de dynamisme des députés de droite et du centre réélus sans opposition manifeste de sa part, ce week end, n'est un secret pour personne !
14 JUILLET MAUDIT ?
L'approche de la fête nationale est l'occasion pour le mouvement U14 de faire fleurir sur les murs de Saint-Jean-de-Luz des affiches rendant hommage au doigt de notre premier magistrat, doigt qu'il aurait brandi à la face de manifestants indépendantistes l'an passé pour les mettre à l'index et défier leur hostilité au drapeau.
Faut-il redouter de nouvelles provocations le 14 juillet prochain ou la seconde saison du feuilleton "Monsieur le Maire de Saint-Jean-de-Luz contre les ennemis (?) de la République" sera-t-elle plus apaisée, sinon détendue ? On n'en sait encore rien.
Mais il est désolant de lire sur nos murs que les jeunes Basques n'auraient "rien à fêter" le 14 juillet au prétexte qu'ils ne seraient pas (nous dit le collectif U14) Français.
La prise de la Bastille est, en effet, au delà d'un anniversaire choisi (longtemps après les faits, et sans que ceux-ci soient forcément aussi glorieux que ne le dit la légende) par la République pour célébrer l'unité nationale, devenu le symbole du peuple victorieux du féodalisme et de l'arbitraire : en somme, le 14 juillet 1789 est un événement perçu comme marquant l'avènement de la Liberté et de l'Égalité entre tous les citoyens. A ce titre, il peut être fêté universellement, par tous les Démocrates.
gaucheluzienne@gmail.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire