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samedi 8 juin 2019

LES HERITIERS


Billet d'humeur du 8 juin 2019



DYNASTIE

La fin de la mandature approchant, les candidatures à la mairie - avouées ou hypothétiques - fleurissent dans de nombreuses communes de la côte basque, et, quand certains maires annoncent leur retrait (ainsi, chez nos voisins Cibouriens) d'autres ont bien l'intention de briguer, à nouveau, les suffrages de leurs concitoyens.
C'est le cas à Saint-Jean-de-Luz, où J-F Irigoyen devrait constituer une liste se réclamant peu ou prou de l'héritage de Peyuco Duhart. Mais d'autres candidatures risquent cependant d'émerger, d'aucunes revendiquant peut-être la même filiation, ce qui pourrait bien l'embarrasser.
Il ne nous appartient pas de décerner ici des brevets de légitimité politique et nous laisserons le dernier mot en la matière aux Luzien(ne)s. Mais il nous semble qu'une certaine ambivalence à l'égard de l'héritage du maire précédent caractérise l'équipe exécutive actuelle. Elle a en effet délibérément décidé de ne pas porter certaines des grandes ambitions du programme électoral de la majorité.

RENONCEMENT

Nous avons nous-même eu l'occasion de rendre hommage à sa fidélité au projet d'inflexion de la politique d'urbanisme porté par Peyuco Duhart, lequel, après bien des atermoiements, avait fini par se décider à introduire pour de bon quelques mesures significatives en faveur de la mixité sociale et avait promu de belle opérations immobilières, que nous avions d'ailleurs soutenues (notamment Trikaldi-Lilitegia). Mais nous constatons aujourd'hui (pour le déplorer !) le gel, du fait du manque d'engagement de son successeur à la tête de la municipalité luzienne,  du grand projet d'aménagement du fort de Socoa et de la Halle Créative de Jalday, jadis défendu par Peyuco Duhart au nom de l'ensemble des communes du Pôle Sud, qu'il avait su fédérer et préparer à l'entrée dans la nouvelle Agglo Pays Basque (sur ce dossier, nous avions reconnu publiquement son leadership).

FOLIE DES GRANDEURS

J-F Irigoyen semble décidé, en revanche, à poursuivre jusqu'à s'y enferrer deux projets dits "structurants" mais dont la pertinence nous semble douteuse. Le projet Foch, d'abord : dont son prédécesseur n'avait pourtant pas dit un seul mot lors de sa campagne en 2014, et qui n'était mentionné dans aucune plaquette ni profession de foi, mais qu'on a imposé moyennant un simulacre de concertation (encore qu'on attende toujours un début d'exécution concrète de cette opération de rénovation qui devrait commencer par le forage en zone inondable de souterrains abritant jusqu'à 600 véhicules). Pour l'instant, on observe seulement en centre-ville d'énièmes comptages de circulation dont nous ignorons à vrai dire s'ils sont réalisés en rapport avec ce projet. Ils nous interrogent, sachant d'une part que l'étude des flux était censée avoir été réalisée en amont, et que d'autre part la période actuelle marque un creux en terme de trafic aux abords du rond-point de la gare et sur la halte routière, puisque les cours ont cessé au lycée mais que les touristes de l'été ne sont pas encore arrivés en masse.
Le Projet Harriet Baita, enfin. On chiffre la construction de ce très beau bâtiment à plus de dix millions. C'est énorme !

IRREALISME

Dépenser plus de dix millions d'euros TTC dans un pôle culturel est très aventureux pour une commune de dimension modeste comme la nôtre engagée dans plusieurs lourdes opérations menées simultanément. Même s'il est probable que les co-financements espérés par la Ville lui soient consentis, et quoique le pôle soit un équipement a priori séduisant, nous pensons - vu les difficultés prévisibles de son financement et de son entretien - qu'on aurait sans doute pu imaginer "un palais de la culture" moins ruineux (nous nous demandons par exemple si l'utilité de la grande Agora entre les écoles et la salle de spectacle est bien justifiée). Quant aux coûts additionnels (frais de fonctionnement) leur chiffrage relève jusqu'ici de la technique du "doigt mouillé". Ce qui n'est pas sérieux.
Surtout, rien n'est réglé des deux grandes questions en suspens : Quels stationnements et quels aménagements des accès sont prévus aux abords du pôle ? Plus exactement : la Ville a décidé de ne rien faire en matière de parking et de voiries (elle prévoit du "stationnement diffus" et installe son grand parc automobile sous le port, à l'autre bout du centre-ville).
Elle feint de croire par ailleurs que le rapatriement des activités culturelles dispersées sur le territoire communal en un seul lieu se fera sans générer aucun frais. C'est irréaliste.
Peyuco Duhart avait su renoncer à temps (quoique un peu tard) à son projet de très grande médiathèque (très séduisant, lui aussi, mais totalement hors de nos moyens, comme les Socialistes l'en avaient prévenu dès le départ). Jean-François Irigoyen léguera à ses successeurs le délicat problème du poids financier de "son" très beau mais très cher pôle culturel. Une problématique qui n'aura pas été anticipée !

CO-RESPONSABILITE

Le projet de la Ville n'est pas systématiquement viable, vivable ni équitable. Nous ne cessons de le souligner et, récemment interrogés par téléphone par la presse à ce sujet, nous avons fait savoir notre agacement récurrent de voir réduite la logique de développement durable (un terme d'ailleurs ambigu car il implique trop souvent l'idée qu'une croissance indéfinie serait soutenable, ce qui est impossible sans changer complètement de modèle économique)  à une sorte de "marketing vert" associé automatiquement à la gestion du jardin botanique (sic). Il ne devrait pas s'agir, en effet, de valoriser l'environnement mais d'être économe des ressources et de penser des solutions de long terme qui soient justes et permettent d'améliorer les conditions de vie des habitant(e)s. Raison pour laquelle nous défendrons à l'occasion des futures échéances la proposition d'une équation de co-responsabilité que nous suggérerons aux différents candidats d'intégrer dans leur programme. Pour nous, en effet, la population doit être associée aux décisions importantes, et pas seulement être consultée au moment de la définition des plateformes électorales. Encore moins être convoquée en grande pompe pour des questions subsidiaires telles que la couleur d'une bâche.

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